On avait quitt\u00e9 Lionel Nallet un soir de 2011 (ou plut\u00f4t un matin, compte tenu du d\u00e9calage horaire), lors d\u2019une finale mondiale entre la France et la Nouvelle-Z\u00e9lande, \u00e0 l\u2019Eden Park d\u2019Auckland. Il s\u2019en \u00e9tait fallu de peu (d\u2019un point tr\u00e8s exactement) pour que les Bleus ne remportent un premier titre plan\u00e9taire. L\u2019ex-deuxi\u00e8me ligne est aujourd\u2019hui \u00e0 la t\u00eate d\u2019une entreprise d\u2019usinage industriel sp\u00e9cialis\u00e9e dans la m\u00e9canique de haute pr\u00e9cision. Retour sur un parcours hors du commun.<\/p>\n\n\n\n
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Pas du tout\u00a0[rires, NDLR] ! J\u2019ai pris du plaisir en jouant, mais je ne me voyais pas entra\u00eeneur ou consultant. J\u2019ai besoin d\u2019\u00eatre pleinement acteur. D\u00e8s 2007, j\u2019ai mont\u00e9 avec mon beau-fr\u00e8re une entreprise d\u2019usinage industriel en m\u00e9canique de haute pr\u00e9cision, Usirea. Quand j\u2019ai raccroch\u00e9 les crampons, je n\u2019ai pas eu le temps de cogiter. Je me suis investi \u00e0 100 % dans l\u2019entreprise.<\/p>\n\n\n\n
Oui, j\u2019avais obtenu un BTS Productique avant de me consacrer pleinement au rugby. Au coll\u00e8ge, j\u2019\u00e9tais en \u00e9chec scolaire. J\u2019avais besoin de concret, alors j\u2019ai fait un apprentissage dans l\u2019usinage industriel. C\u2019est un secteur d\u2019autant plus concret que les pi\u00e8ces qu\u2019on produit, on les retrouve partout. Mon beau-fr\u00e8re, quant \u00e0 lui, est titulaire d\u2019une licence en m\u00e9canique.<\/p>\n\n\n\n
On produit des pi\u00e8ces m\u00e9talliques de haute technicit\u00e9 pour nos clients. C\u2019est vraiment du cas par cas, d\u2019ailleurs, on ne travaille qu\u2019en petites et moyennes s\u00e9ries. Nos clients sont dans des secteurs sensibles\u00a0: le nucl\u00e9aire, l\u2019a\u00e9ronautique, la d\u00e9fense. On a r\u00e9alis\u00e9 des pi\u00e8ces pour Airbus, pour la fus\u00e9e Ariane ou encore pour le refroidissement de centrales nucl\u00e9aires. On n\u2019a pas vraiment le droit \u00e0 l\u2019erreur [rires].<\/p>\n\n\n\n
Pour faire simple, on enl\u00e8ve de la mati\u00e8re avec des outils coupants \u00e0 commandes num\u00e9riques. Par exemple, on utilise des machines de tournage-fraisage cinq axes. Elles permettent, en plus des trois axes principaux, de travailler la mati\u00e8re sur les angles. Gr\u00e2ce \u00e0 ces deux axes suppl\u00e9mentaires, on peut faire pivoter la pi\u00e8ce et la maintenir en position. La mati\u00e8re est alors usin\u00e9e de mani\u00e8re plus complexe.<\/p>\n\n\n\n
C\u2019est \u00e7a [rires]\u00a0! C\u2019est un m\u00e9tier tr\u00e8s technique, qui demande beaucoup de rigueur. D\u2019ailleurs, c\u2019est un parall\u00e8le que je fais avec le rugby. On doit en permanence adapter nos strat\u00e9gies d\u2019usinage. Ce qui est vrai pour une mati\u00e8re ou une pi\u00e8ce ne l\u2019est pas forc\u00e9ment pour l\u2019autre. En plus, on travaille au centi\u00e8me, voire au macro, \u00e7a demande beaucoup de s\u00e9rieux pour r\u00e9gler les machines et contr\u00f4ler leur pr\u00e9cision. Pour ma\u00eetriser tous ces param\u00e8tres, rien ne vaut l\u2019exp\u00e9rience. Je dirais qu\u2019il faut cinq-six ans pour \u00eatre compl\u00e8tement op\u00e9rationnel.<\/p>\n\n\n\n
On est une vingtaine en tout. Mon beau-fr\u00e8re a un profil plus technique que le mien, il g\u00e8re le pilotage de l\u2019atelier et moi, les achats de mati\u00e8res premi\u00e8res, les sous-traitants, la planification et le contr\u00f4le qualit\u00e9. On travaille sur plan, c\u2019est-\u00e0-dire qu\u2019on a un bureau des m\u00e9thodes qui, \u00e0 la r\u00e9ception d\u2019une commande, va d\u00e9terminer une strat\u00e9gie d\u2019usinage (les outils et conditions de coupe) et r\u00e9aliser une simulation 3D de la pi\u00e8ce. Puis on lance la fabrication de la pi\u00e8ce avec\u00a0les r\u00e9gleurs, qui vont programmer les machines et corriger les cotes, et les op\u00e9rateurs, qui rechargent et contr\u00f4lent les machines. On contr\u00f4le la premi\u00e8re pi\u00e8ce, puis on lance la s\u00e9rie en la recontr\u00f4lant \u00e0 intervalles r\u00e9guliers.<\/p>\n\n\n\n
C\u2019est fondamental, oui. Les pi\u00e8ces qu\u2019on r\u00e9alise demandent un niveau d\u2019exigence \u00e9lev\u00e9, des contr\u00f4les tridimensionnels et g\u00e9om\u00e9triques. On utilise des moyens de mesure de tr\u00e8s haute technologie, \u00e9talonn\u00e9s et v\u00e9rifi\u00e9s tr\u00e8s r\u00e9guli\u00e8rement. C\u2019est ce qu\u2019on appelle la m\u00e9trologie. On assure aussi la tra\u00e7abilit\u00e9 de toutes les mati\u00e8res premi\u00e8res qu\u2019on utilise.<\/p>\n\n\n\n
Oui, c\u2019est s\u00fbr, \u00e7a aide d\u2019avoir pass\u00e9 15 ans de sa vie en groupe. On apprend \u00e0 composer avec tous les types de personnalit\u00e9s, \u00e0 tirer le meilleur de chacun et \u00e0 se rassembler autour d\u2019un objectif commun. D\u2019ailleurs, depuis que l\u2019entreprise existe, on a toujours \u00e9t\u00e9 en croissance. \u00c7a nous permet d\u2019investir massivement dans des machines encore plus techniques et performantes.<\/p>\n\n\n\n
Clairement, et \u00e7a va vite\u00a0! Quand j\u2019ai commenc\u00e9 mes \u00e9tudes, il n\u2019y avait m\u00eame pas de machines qui faisaient \u00e0 la fois du tournage et du fraisage. Aujourd\u2019hui, on a des machines de tournage-fraisage cinq axes\u00a0! Tout cela permet de proposer un cadre de travail plus agr\u00e9able aux \u00e9quipes.<\/p>\n\n\n\n
On est loin du clich\u00e9 de l\u2019usine sale et bruyante. Toutes les machines sont \u00e9lectriques, donc peu bruyantes, et num\u00e9riques, donc l\u2019environnement de travail est tr\u00e8s propre. Mais le cadre de travail va bien au-del\u00e0. L\u2019objectif, c\u2019est de garder nos salari\u00e9s, leur exp\u00e9rience est fondamentale. On utilise la robotique pour les d\u00e9charger des activit\u00e9s p\u00e9nibles. On veille aussi \u00e0 ce que la vie professionnelle n\u2019empi\u00e8te pas sur la vie priv\u00e9e. Les horaires sont normaux, on ne travaille pas la nuit ni le week-end. Et puis on propose beaucoup de sessions de formation. L\u2019id\u00e9e, c\u2019est qu\u2019un op\u00e9rateur puisse \u00e9voluer en r\u00e9gleur, et qu\u2019un r\u00e9gleur puisse rejoindre le bureau des m\u00e9thodes.<\/p>\n\n\n\n
Elle est omnipr\u00e9sente. Quand on travaille dans l\u2019industrie aujourd\u2019hui, la d\u00e9carbonation est un objectif majeur. \u00c0 notre niveau, on utilise au maximum 5\u00a0% d\u2019\u00e9nergie fossile. Tout le reste vient de l\u2019\u00e9lectricit\u00e9 issue du solaire et de l\u2019\u00e9olien. La politique de recyclage est primordiale \u00e9galement. On trie nos m\u00e9taux, on les recycle et on les revend. Et puis on ne travaille qu\u2019avec des sous-traitants de la r\u00e9gion. L\u2019id\u00e9e, c\u2019est vraiment de contribuer \u00e0 une \u00e9conomie circulaire.<\/p>\n\n\n\n
On aimerait se diversifier pour g\u00e9rer des affaires globales avec de l\u2019assemblage en plus de l\u2019usinage. C\u2019est aussi pour \u00e7a que l\u2019\u00e9volution et la mont\u00e9e en comp\u00e9tences de nos salari\u00e9s sont importantes.<\/p>\n\n\n\n
Par L’Etudiant Fab, publi\u00e9 le 20 octobre 2023<\/sup><\/em> <\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":" On avait quitt\u00e9 Lionel Nallet un soir de 2011 (ou plut\u00f4t un matin, compte tenu du d\u00e9calage horaire), lors d\u2019une […]<\/p>\n","protected":false},"author":5,"featured_media":0,"comment_status":"open","ping_status":"open","sticky":false,"template":"","format":"standard","meta":[],"categories":[1],"tags":[],"acf":[],"yoast_head":"\n