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Forte pénurie de talents en vue d’ici 2030 pour la France

la France pourrait manquer de 1,5 million de salariés très qualifiés, selon une étude américaine (Korn Ferry). Un manque à gagner de près 175 milliards d’euros pour l’économie de l’Hexagone.

La pénurie de salariés qualifiés menace l’économie française. Selon l’étude réalisée par le cabinet de recrutement Korn Ferry, la France pourrait manquer de 1,5 millions de salariés hautement qualifiés d’ici à 2030, faute de profils ayant les compétences requises par les entreprises. Korn Ferry évalue la perte de revenus potentiels à 175 milliards d’euros d’ici à 2030, soit 6,5% du PIB. Certains secteurs, comme les services financiers (50 milliards d’euros de perte envisagés), le secteur des technologies, médias et télécommunications (13 milliards d’euros), et l’industrie (8 milliards) sont particulièrement concernés.

“Ce n’est pas une grande surprise”, concède Gérald Bouhourd, responsable de l’activité industrie chez Korn Ferry. “Depuis plusieurs mois, les entreprises ont des difficultés à trouver des profils adéquats”. Une étude de l’Insee parue en octobre et indiquant que 42% des industriels avaient des problèmes pour recruter, semble lui donner raison.

Selon Korn Ferry, la France fait partie des quatre pays au monde les plus touchés par cet écart entre l’offre de compétence des salariés français, et la demande des entreprises.
Pour le cabinet, cette pénurie est une conséquence directe de la crise économique. Les entreprises ont différé la formation de leurs salariés en se focalisant sur l’innovation technologique et la réduction des coûts.

Bien que vulnérable, la France est cependant loin d’être la seule touchée par le phénomène. En Allemagne, le manque à gagner atteint la somme colossale de 516 milliards d’euros d’ici à 2030, soit 14% du PIB, selon l’étude. Une pénurie qui s’explique aussi par la démographie vieillissante outre-Rhin.

A l’échelle mondiale, le préjudice pourrait représenter 85 millions d’emplois très qualifiés non pourvus d’ici 2030, pour un manque à gagner estimé à 7.000 milliards d’euros.

“L’impact de la pénurie de talents est si important qu’il pourrait remettre en question la domination de certains pôles, comme celui de Londres pour les services financiers, des Etats-Unis comme leader en matière de technologie, ou de la Chine dans l’industrie manufacturière”, notent les auteurs de l’analyse.

Un bouleversement lié à la rationalité économique des entreprises selon Gérald Bouhourd. “Loin d’être obnubilées par des questions fiscales, les entreprises s’implantent et créent de l’emploi là où les compétences et les talents se trouvent”, explique-t-il. Face à la pénurie de talents dans un territoire donné, les entreprises n’hésiteront pas à délocaliser leur centre de décisions et leurs sièges sociaux.

Soft skills et formation professionnelle

“L’étude est suffisamment proche pour être réaliste”, assure le responsable industrie chez Korn Ferry, qui appelle les entreprises mais aussi l’Etat à se saisir de la problématique.

“Quand on parle de compétences, le niveau de formation initial reste le plus déterminant. Seuls les Etats sont en mesure d’avoir un impact dessus”, juge-t-il. C’est donc au gouvernement  de résorber l’écart entre le système scolaire et le monde de l’entreprise, qui requiert plus que jamais de la transversalité en termes de compétences, ainsi qu’une forte agilité.

Les Etats devront aussi mettre les moyens en ce qui concerne la formation professionnelle, bien qu’elle ne soit pas évoquée dans l’étude. Critiquée en France car elle n’arrive pas à toucher d’autres publics que les profils déjà très diplômés, elle fait partie des grands chantiers du gouvernement dans les mois à venir.

Côté entreprises, Gérald Bouhourd promet un bénéfice à celles qui savent se réorganiser et notamment s’internationaliser pour aller chercher les compétences là où elles se trouvent. “Cela passera par des innovations non plus uniquement technologiques mais aussi managériales pour répondre à la problématique d’un processus de production éclaté géographiquement.”

Au regard des nombreux bouleversements technologiques, l’impératif d’une formation en continu des salariés de l’entreprise va aussi s’imposer. D’où l’intérêt d’identifier des profils avec non seulement des compétences techniques mais surtout des “softs-skills” (capacité d’adaptation et d’apprentissage notamment).

Source : Lucas Mediavilla

Un préjudice mondial à 7.000 milliards

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